[retour à un affichage normal]

Accueil > Documents > Musique

Musique

Lorsqu’on feuillette L’Astrée, on est frappé par l’abondance de poésies qui ponctuent les nombreuses histoires : chansons, madrigaux, villanelles, plaintes, stances, dialogues, odes... Beaucoup d’entre elles sont "chantées" par les nombreux personnages, qui se servent de ce truchement pour avouer ou exprimer leurs sentiments véritables, se plaindre des peines causées par l’amour, célébrer les beautés d’une amante, vanter le bonheur illusoire de l’inconstance ou de l’indifférence...

Si l’insertion musicale était depuis la Renaissance un procédé fréquent dans le théâtre, on ne sait que peu de choses sur ce que les habitudes de lecture – silencieuse ou oralisée – des romans supposaient ou non comme "mise en scène". L’absence de musique notée dans L’Astrée et les romans contemporains ne fait que renforcer le doute, et il faudra attendre le milieu du siècle pour voir une partition musicale imprimée dans une œuvre de fiction. On signalera à ce propos l’air Je pensais que sous votre empire de Sébastien Le Camus, dont la partition gravée a été insérée dans le tome VIII de Clélie, histoire romaine de Madeleine de Scudéry, publié en 1658.

Abondamment diffusées par les nombreuses éditions du roman, certaines des poésies de L’Astrée ont également paru dans des recueils collectifs de poésies de l’époque. Il est cependant curieux de voir que peu de ces poésies, même détachées de leur contexte romanesque, ont inspiré les compositeurs contemporains, pourtant friands des thèmes pastoraux et amoureux qui ont contribué au succès de L’Astrée et dont les "types" ont orienté les codes de l’univers poétique du premier quart du XVIIe siècle. À ce jour, il a été possible d’identifier sept pièces musicales directement composées sur des poésies de L’Astrée par des compositeurs contemporains du roman.

Pour autant, de nombreuses pièces vocales et parfois instrumentales ont été plus ou moins librement inspirées par L’Astrée, ses histoires, ses personnages et ses "types", des airs de cour ou chansons à danser ou à boire de la première moitié du XVIIe siècle à la tragédie Astrée de Jean de La Fontaine, mise en musique par Pascal Colasse et représentée en 1691.

Ces pièces musicales témoignent, souvent de manière touchante mais parfois sous les traits de la satire, de l’empreinte laissée par L’Astrée, œuvre majeure qui aura marqué l’univers et l’esprit artistiques de tout le XVIIe siècle, et dont les derniers échos se perdent aux siècles suivants. C’est donc un parcours au cœur de ce riche répertoire musical que nous proposons ici pour la première fois.

Sources et principes de transcription

Pour chaque pièce, la musique est proposée sous deux formes : 

1. un fac-similé de la ou des sources décrites ;

2. une transcription moderne, fondée sur ces mêmes sources, mais réalisée selon les principes suivants :

  • - respect de la notation en "mesure d’air" (Mersenne), sans barres de mesure mais avec des barres délimitant les vers ou les principales articulations poétiques et musicales ;
  • - remplacement des clés anciennes par leurs équivalents communément adoptés aujourd’hui (les clés d’origine sont précisées au départ de chaque air) :
        - la clé de sol2 reste en sol2
        - la clé d’ut2 est notée en sol2
        - les clés d’ut3 et ut4 sont uniformément notées en sol2 octaviante
        - les clés de fa3 et fa4 sont uniformément notées en fa4
  • - les tablatures de luth ont été transcrites selon les principes défendus par le luthiste Éric Bellocq et Georgie Durosoir dans l’édition complète des Airs de cour de Pierre Guédron (Versailles, Éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles, coll. "Anthologies", à paraître).
  • - le système ancien d’altération a été conservé, selon lequel une altération n’est généralement valable que pour la note devant laquelle elle est placée, ainsi que pour les notes suivantes s’il s’agit de la même répétée et sur la même harmonie (l’absence d’altération signifiant généralement un retour au statut primitif de la note) ;
  • - tout signe musical ajouté dans le corps du texte figure en petit corps ;
  • - pour le texte poétique, l’orthographe originale a été respectée, à l’exception de quelques rares mots pour lesquels la graphie a été modernisée ("u" pour "v", "j" pour "i") ; ont également été ajoutés ou corrigés le cas échéant les signes permettant de lever toute ambiguïté de sens (accents grammaticaux usuels pour "à", "où" etc.) ou de prononciation à la rime ("é", "è", "ê"), ainsi que les traits d’union des formes interrogatives ou impératives ; les capitales originales ont été conservées, de même que la ponctuation, sauf dans les rares cas où elle était manifestement fautive ; sous la musique, les répétitions immédiates de mots ou de courtes cellules ont été systématiquement séparées par une virgule, la majuscule de début de vers étant conservée pour la répétition d’un vers complet ; les strophes ont été numérotées.