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L’illustration de l’édition danoise de 1645

La traduction de L’Astrée par Søren Terkelsen, intitulée Dend hyrdinde Astrea et publiée à Glückstadt en 1645 témoigne de la richesse de la vie culturelle au Danemark sous le règne de Christian IV et de l’engouement que suscite la culture française. À cette époque en effet, tous les aspects de la création – littérature, beaux-arts, architecture et art des jardins – connaissent un renouveau dont l’exposition Christian IV et l’Europe, tenue en 1988 à Frederiksborg, a permis de prendre la mesure.

Le format oblong retenu pour cette édition évoque les albums de dessins ou de gravures qui plaisaient à l’époque. Ce choix n’est probablement pas fortuit car l’ouvrage est doté de cinquante planches en pleine page gravées sur cuivre. Pour des raisons inexpliquées, seuls les six premiers livres de la première partie ont été publiés. Il est vrai que le nombre d’illustrations qu’aurait exigé une traduction intégrale (environ 500 planches) aurait rendu le projet particulièrement onéreux. Les gravures nous paraissent avoir été réalisées par trois artistes: les livres 1, 2, 3 et 6 sont signés par Matthias Petersen, «Husum M. P. sculpsit», mais les deux autres mains sont hélas impossibles à identifier; l’un des artistes, le moins habile, n’a pas signé ses planches, l’autre y a apposé les initiales «D. D. H.».

Le principal illustrateur, Matthias Petersen, aidé de son frère Nicolas, exerçait comme orfèvre à Amsterdam puis comme graveur à Husum dans le Schleswig-Holstein, région autrefois sous suzeraineté danoise. Les Petersen travaillaient entre autres pour Adam Olearius, éditeur du carnet de voyage Newe Beschreibung der Muscowitischen und Persischen Reyse (1656) et ont également participé à la réalisation de cartes et d’atlas, notamment l’album cartographique de Caspar Danckwerth, Neue Landesbeschreibung (1652), financé par le duc de Gottorf et le roi de Danemark.

Pour illustrer L’Astrée, Matthias Petersen, à son habitude, s’est inspiré d’œuvres existantes, celles de Salomon Savery et peut-être celles de Crispin de Passe ou d’Abraham Bosse. Son talent personnel s’exprime toutefois dans la facture des planches. La main de l’artiste «pointilliste» et douce dessine les contours d’une Arcadie très tendre, onirique et naïve. Son talent s’exprime aussi dans la manière dont le roman est transposé au sein d’un univers propre à l’Europe du Nord, ce qui n’a rien de surprenant. Intégrer des éléments de la réalité au paysage était, en effet, une pratique courante pour les Petersen, comme on l’observe au sein de l’album cartographique de Danckwerth où les deux frères évoquent les richesses architecturales de la région et les coutumes vestimentaires des habitants. Dans l’illustration de L’Astrée, les palais surgissant derrière les arbres adoptent les lignes des demeures aristocratiques nouvellement construites, tandis que les costumes, les jardins et même les fleurs (des tulipes) correspondent au goût de l’élite danoise. En accord avec l’évocation de ce monde sophistiqué, les bergers de Petersen, tels les princes et seigneurs de l’Académie des Parfaits Amants, adoptent un comportement d’une extrême civilité, lisent, conversent, plient le genou avec déférence devant les dames.

Cet univers galant est toutefois contredit par certaines gravures de l’édition qui présentent des sous-entendus grivois liés à la tradition picturale nordique et apportent ainsi une touche de piquant au programme iconographique: aux Pays-Bas, mais aussi en Allemagne et en France, dans les chansons comme dans les arts, le monde pastoral pouvait également être figuré sur le mode comique.

BIBLIOGRAPHIE

D. Lohmeier, «Adam Olearius und die Gottorfer Kupferstecher», Von allerhand Figuren und Abbildungen, Kupferstecher des 17. Jahrhunderts im Umkreis des Gottorfer Hofes, dirigé par H. Borzikowsky, Husum, 1981, p. 59-78.

R. Zöllner, «Zum Kartenschmuck der Mejer-Landkarten in Danckwerths Neuer Landesbeschreibung von 1652», Von allerhand Figuren und Abbildungen, Kupferstecher des 17. Jahrhunderts im Umkreis des Gottorfer Hofes, dirigé par H. Borzikowsky, Husum, 1981, p. 89-111 et les notices n° 76-100, 109-115, 129-167.

Christian IV and Europe, the 19th art exhibition of the Council of Europe, catalogue d’exposition sous la direction de C. Christensen, Frederiksborg, 1988.


Exemplaire de la British Library :


Frontispice

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